Neptune et Pluton : le monde d’en-bas
Samedi 9 et dimanche 10 mai 2020
Chacun le sait : Uranus, Neptune et Pluton sont des planètes transaturniennes. Il s’agit là d’une donnée astronomique indiscutable, mais l’interprétation que l’on en fait mérite d’être discutée. Il y a en effet une idée assez largement admise, dans le milieu astrologique, à savoir que les planètes transaturniennes auraient vocation, pour le dire en bref, à nous conduire au-delà de la sphère de Saturne. J’ai moi-même adopté cette interprétation qui m’avait été enseignée et que j’ai retrouvée dans mes lectures. Peu à peu, je me suis rendu compte qu’elle ne me permettait pas de comprendre ce que vivent les personnes qui sont confrontées à de grands enjeux d’ordre uranien, neptunien ou plutonien.
Après des années de recherches, j’ai pu vérifier que la conception que l’on a d’une planète comporte toujours quelque chose d’erroné, quand elle vient contredire la mythologie. S’agissant d’Uranus, de Neptune et de Pluton, la généalogie divine les rattache au monde primordial, et non pas à un au-delà de Saturne. Au commencement, il y a en effet le Ciel Étoilé, les vastes mers et le sombre Tartare, que Gaïa, la Mère des origines, a enfantés. Ils recouvrent sans conteste les mondes d’Uranus, de Neptune et de Pluton et ils sont donc antérieursau règne de Saturne intronisé par la castration établie par Cronos.
Au cours du séminaire sur Uranus, j’ai montré ce que représentait le Ciel Étoilé, Fils-Amant de la Terre-Mère, et notamment dans son rapport avec la constitution du narcissisme originaire. De leur côté, Neptune et Pluton représentent également des puissances primordiales qui sont fascinantes, parce qu’elles appellent vers les tréfonds, mais aussi inquiétantes, parce qu’elles sont menace d’engloutissement. Elles ont en commun de se rapporter au monde d’en-bas, ou au royaume des mères, comme l’exprimait Goethe en son temps.
C’est en partant de leurs racines mythologiques que nous questionnerons Neptune et Pluton. À partir de là, nous pourrons prendre appui sur la psychanalyse pour penser ce que ces deux planètes représentent au début de l’existence et la manière avec laquelle elles continuent d’œuvrer dans notre vie. Cette formulation laisse entendre que nous avons affaire à des puissances gigantesques qui nous agissent à notre insu, aussi longtemps qu’elles ne sont pas rapportées à Saturne.
C’est à la troisième génération divine, et non pas au commencement, que le monde marin et le monde souterrain sont gouvernés, respectivement par Poséidon et par Hadès. Tous deux sont fils de Cronos et tous deux sont passés par le ventre du Père où ils se sont constitués dans leurs limites. C’est à ce stade d’élaboration et de maturation psychique que Neptune et Pluton peuvent éventuellement être assumées comme planètes transaturniennes, mais cela pose toute la question de l’intégration de Saturne.